Troyes : la requalification du quartier Jules-Guesde, quel bilan pour les relogés ?
Écrit parEva GARNIERle 27 janvier 2025
Le quartier Jules-Guesde, longtemps considéré comme enclavé et inadapté, fait peau neuve. Après soixante ans d’existence, ce quartier emblématique de Troyes entame une requalification totale, portée par un investissement de 180 millions d’euros. Un projet soutenu par la ville de Troyes, Troyes Champagne Métropole et le bailleur social Troyes Aube Habitat.

Un soin particulier a été consacré au relogement des habitants. Au total, 416 ménages ont été relogés, dont 82,9 % à Troyes et 17,1 % dans d’autres communes de l’agglomération. Parmi ces relogés, 32,6 % ont choisi de rester dans le quartier Jules-Guesde.
Les défis du relogement
Le processus de relogement, bien qu’accompagné de manière étroite par Troyes Aube Habitat, a rencontré quelques difficultés. « Certains habitants vivaient ici depuis plus de 50 ans, d’autres sont nés dans ce quartier. Pour eux, le départ a été une véritable déchirure », explique Élisabeth Gariglio, adjointe au maire en charge du quartier. Les habitants ont pu être relogés dans des logements « plus spacieux, mieux chauffés et adaptés aux normes modernes. Bien que le changement ait été difficile pour certains, la majorité des relogés ont exprimé une grande satisfaction, notamment en ce qui concerne la qualité de vie retrouvée », ajoute-t-elle.
Ce projet s’inscrit dans une initiative plus large visant à revitaliser ce secteur de Troyes. « C’est une réelle plus-value pour toute la ville », affirme Élisabeth Gariglio. Avec la création d’un parc urbain, d’une maison petite enfance et de diverses infrastructures modernes, le quartier Jules-Guesde se réinvente progressivement, devenant un lieu attractif pour une population variée, « composée à la fois de nouveaux habitants et d’anciens résidents qui pourraient être tentés de revenir », conclut l’adjointe.
« Petit à petit, j’ai vu mon quartier évoluer »
« Quand je suis arrivée ici, le quartier semblait éloigné du centre-ville, sombre, avec des usines abandonnées. Mais au fil des années, j’ai vu mon quartier se transformer », raconte Martine, membre du conseil citoyen et habitante du secteur. « Comme tous les quartiers, il a une histoire, un passé et un présent. Le passé a souvent été mal perçu, mais pour ma part, je n’ai jamais vu cette facette négative. Je ne l’ai pas vécue », précise-t-elle. Résidant ici depuis près de 30 ans, Martine accueille les changements avec sérénité : « C’est une opportunité de redécouvrir mon quartier. Si un jour je dois partir, je n’aurai aucun regret. Je commencerai un nouveau chapitre, mais je reviendrai toujours voir ce que ce quartier est devenu. »
Martine et les membres du conseil citoyen du quartier Jules-Guesde œuvrent pour une évolution harmonieuse du quartier. « Nous ne voulons pas qu’il y ait de séparation entre le nouveau et l’ancien quartier », insiste-t-elle. « Nous travaillons sur un projet de “quartier pérenne”, afin que toute la zone évolue de manière cohérente. Par exemple, nous avons créé un jardin pour impliquer les habitants. Certains se sentent abandonnés ou ignorés, et notre objectif est de leur prouver qu’ils comptent, qu’ils ne sont pas seuls, et que ce projet, c’est une aventure collective », affirme la soixantenaire.
Une métamorphose XXL
Le projet de requalification s’articule autour de trois grandes ambitions : créer un quartier ouvert et sécurisé, valoriser la trame verte et bleue, et instaurer une nouvelle dynamique de quartier. Parmi les infrastructures emblématiques du projet, la construction d’une école primaire internationale de 400 élèves, une maison de la petite enfance et une résidence de 50 logements pour personnes âgées, portée par le Centre Municipal d’Action Sociale (CMAS).
En matière d’habitat, une offre diversifiée sera proposée, comprenant à la fois des petits collectifs et des maisons individuelles. Le projet prévoit la construction de 220 nouveaux logements, dont une résidence pour personnes âgées de 32 appartements, pilotée par Troyes Aube Habitat. Un espace vert de 6 000 m², ainsi qu’une renaturation des berges de la Seine viennent compléter cette transformation. Après la démolition de 635 logements, les premiers travaux d’aménagement ont débuté, en mettant en priorité la construction de l’école publique internationale.