Après un documentaire et le passage de la flamme olympique, 100 narcotrafiquants à Clairvaux ?
Écrit parEva GARNIERle 16 janvier 2025
Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a récemment annoncé son projet d’identifier un site pénitentiaire pouvant accueillir dès l’été 2025 les 100 plus grands narcotrafiquants du pays, dans des conditions de sécurité renforcées. En réponse, François Baroin et Philippe Borde ont suggéré l’ancienne maison centrale de Clairvaux, à Ville-sous-la-Ferté.
Fermée en 2023 et désormais sous la gestion du ministère de la Culture, cette prison a abrité certains des criminels les plus dangereux du pays pendant des décennies. Dans un courrier adressé au Garde des Sceaux le 15 janvier, les deux élus estiment que l’ancienne prison de Clairvaux répond « aux exigences du projet » et contribuerait de nouveau à « dynamiser et structurer l’activité économique et sociale du territoire ».
« Presque une évidence »
L’ancienne abbaye fondée au XIIe siècle, reconvertie en prison en 1804, a été pendant plus de deux siècles l’un des établissements pénitentiaires les plus emblématiques de France. Classée parmi les prisons de haute sécurité, l’ancienne prison de Clairvaux abritait à sa fermeture une centaine de détenus. « À l’annonce du Garde des Sceaux, on a immédiatement pensé que Clairvaux faisait partie des meilleurs sites en France », confie Philippe Borde, président de la communauté de communes de la Région de Bar-sur-Aube.
La prison de Clairvaux, bien que fermée depuis quelques mois, demeure « intacte, telle qu’elle était il y a 15 mois », précise le maire de Bar-sur-Aube. Les travaux réalisés par le ministère de la Culture dans le cadre de la reconversion patrimoniale n’ont pas altéré la structure de manière à rendre impossible un retour rapide à un usage pénitentiaire. « Seuls quelques ajustements mineurs seraient nécessaires », précise Philippe Borde.
Un nouveau chapitre ?
La fermeture de Clairvaux en 2023, décidée par l’État « contre l’avis des élus locaux, des agents pénitentiaires et des habitants », a été vécue comme « un véritable traumatisme pour le territoire », affirme Philippe Borde. Pendant des décennies, la présence de la maison centrale avait structuré la vie économique et sociale du territoire, en créant des emplois et en stimulant les activités locales. « Clairvaux, c’était une tradition pour la population », ajoute-t-il. Dans ce contexte, la proposition de rouvrir Clairvaux pour accueillir des narcotrafiquants apparaît « comme une option logique ».
Certains habitants et élus de la région « n’ont jamais accepté la fermeture de la prison et ont vu cette décision comme incompréhensible ». Alors que le pays fait face à une crise de surpopulation carcérale, la réutilisation de Clairvaux pourrait offrir une solution pour alléger un « système pénitentiaire saturé », tout en redonnant à ce lieu historique un « nouveau chapitre », conclut-il.
François Baroin, en sa qualité de président des maires de l’Aube et Philippe Borde ont invité le ministre de la Justice à visiter ce site historique, accompagné de « l’ensemble des élus locaux aubois », afin de lui faire apprécier « ses nombreux atouts ».