PLF 2025 : Une menace pour les « médias du dernier kilomètre » ?
Écrit parEva GARNIERle 25 octobre 2024
Dans le projet de loi de finances 2025, la Ministre de la Culture, Rachida Dati, a annoncé une réduction du Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique (FSER), passant de 35,7 millions d’euros en 2024 à seulement 25,3 millions en 2025.
Les radios associatives ont réagi, en déposant ce mercredi un amendement pour rétablir 12 millions d’euros au fonds. Cela aiderait à atténuer l’impact de cette coupe et à faciliter la diffusion en FM et DAB+.
Vers la fin d’une époque ?
L’avenir des radios associatives pourrait être menacé. Selon Jean-Marc Courrèges-Cénac, coprésident de l’association Les Locales et représentant de la CNRA et du SNRL, « Une réduction de 40 % de l’enveloppe radiophonique ne signifie pas simplement une baisse de 30 à 40 % des radios associatives ; elle pourrait en réalité entraîner la disparition de 70 à 80 % de ces radios dans un avenir proche ».
« Cela aura un impact direct sur l’emploi », souligne Jean-Marc Courrèges-Cénac. En effet, jusqu’à 800 postes pourraient être menacés. « Nous serons contraints de faire des arbitrages difficiles et d’opérer des économies drastiques sur les programmes et les actions », avertit-il. « C’est notre mission fondamentale en tant que radios associatives ; celle de garantir la communication sociale de proximité, qui est remise en question » conclut le représentant de la CNRA.
En France, 750 radios associatives sont éligibles au FSER, parmi lesquelles cinq se trouvent dans l’Aube : Campus 3, Troyes Aube Radio, Dynamite, Activ Radio et Thème Radio.
À l’échelle locale, la situation actuelle suscite de fortes inquiétudes, en particulier pour Thème Radio.« Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir tenir à long terme. La réduction de près de 50 % de nos ressources associatives complique énormément les choses. Heureusement, nous disposons d’autres ressources, mais même avec 50 000 euros, cela ne suffira pas à assurer notre survie », confie Barbara Baudin, directrice et rédactrice en chef.
Radio de proximité
« Si vous retirez ce moteur de dynamisme, c’est l’ensemble du territoire qui sera affecté », souligne le coprésident de l’association Les Locales, qui a lui-même débuté sa carrière dans ce secteur.
Un rôle de proximité où chaque voix compte. « Il est essentiel de donner la parole et d’assurer un relais au niveau local », déclare la directrice de Thème Radio. « Nous faisons de l’éducation aux médias. J’interviens dans les écoles, collèges, lycées et établissements de détention. En tant que média de proximité, nous garantissons la diversité et le pluralisme du paysage radiophonique », ajoute-t-elle.
Face à cette menace, la Fédération des Radios Associatives de Champagne-Ardenne intensifie ses efforts de sensibilisation. L’examen des dépenses du projet de loi de finances commencera le 5 novembre, suivi d’un vote prévu le 19 novembre, avec la possibilité d’un recours au 49.3 par le Gouvernement.