Affaire Abbé Pierre : Une pureté remise en question
Écrit parEva GARNIERle 23 octobre 2024
L’Abbé Pierre, emblème de l’économie sociale et solidaire, pourrait finalement se révéler aussi sombre que la soutane qui l’enveloppait. Un contraste entre la lumière de ses idéaux et l’ombre de ses actes.
Ce scandale, qui a éclaté en juillet dernier, continue de prendre de l’ampleur.
À ce jour, 24 femmes auraient signalé des propos et gestes déplacés à caractère sexuel, incluant des attouchements et des agressions, certaines s’apparentant à des viols.
Face à cette situation, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre entreprennent un grand travail de nettoyage de la mémoire de l’Abbé Pierre dans ses différentes antennes, par respect pour les victimes présumées. Parmi les mesures envisagées : une cellule d’écoute, une enquête sur les dysfonctionnements de son vivant, ainsi qu’un changement de nom et la débaptisation d’écoles, de parcs et de rues.
Cette décision résonne également au niveau local à Troyes, où la communauté a été profondément affectée par ces révélations, « l’impact a été particulièrement fort pour les compagnons, certains d’entre eux vivant au sein de ces communautés depuis 10, 20 ou même 25 ans. C’était un vrai choc pour eux et pour nous tous. » confie Marc Mazur, le responsable des communautés Emmaüs de Troyes.
Avec la prise de conscience de la gravité des faits, un détachement s’est rapidement opéré vis-à-vis de l’image et de l’histoire de l’Abbé Pierre. « Toutes les références, qu’elles soient publiques ou privées, ont été complètement supprimées dans tous les espaces, afin de respecter les victimes ayant croisé son chemin » précise Marc Mazur.
Cette année, la communauté Emmaüs de Troyes a accueilli jusqu’à 21 compagnons. Parmi les compagnons, trois ont quitté la communauté cette année avec un emploi et un logement.
Le travail des communautés Emmaüs reste inchangé : « Il est crucial de maintenir notre aide aux plus souffrants et aux plus démunis. Les personnes continuent de fréquenter les communautés Emmaüs », souligne le responsable.
À Troyes, la débaptisation du rond-point Abbé Pierre et le retrait de la stèle commémorative ont été évoqués. Le maire François Baroin ne s’y opposerait pas en cas de consensus.