Marche blanche pour la laie Rillette : « J’ai honte de la justice de mon pays » Élodie Cappé exprime sa colère
Écrit parEva GARNIERle 13 janvier 2025
Près de 500 personnes se sont rassemblées samedi 11 janvier à Chaource pour une marche blanche en soutien à Élodie Cappé et sa laie domestiquée, Rillette, menacée d’euthanasie. Organisée par l’association des commerçants, l’événement avait pour objectif de défendre le maintien de Rillette au sein de sa famille.
Depuis un an et demi, Rillette vit auprès d’Élodie Cappé, qu’elle a recueillie alors qu’elle n’était qu’un marcassin, trouvé agonisant. Après l’avoir soignée, Élodie cherche à lui trouver une place dans un refuge ou un zoo, mais personne ne veut de l’animal, considéré comme un nuisible. Face à ce rejet, l’éleveuse équine contacte les administrations pour l’adopter, mais on lui répond qu’elle doit la placer dans un parc animalier sous peine d’euthanasie. C’est ainsi que le combat pour sauver Rillette a commencé.
Une législation « absurde »
Fin décembre, le parquet de Troyes a ordonné que le sanglier soit transféré à une société à Ladon dans le Loiret spécialisée dans le dressage pour le cinéma et la publicité, « Animal Contact », suscitant l’indignation de la propriétaire et des manifestants. Élodie Cappé dénonce l’absurdité de la situation : « Chez moi, dans une ferme, elle pose problème, mais par contre, il n’y a aucun souci pour l’exploiter à des fins financières ».
Refusant cette solution, Élodie se renseigne et découvre que plus de 70 personnes en France détiennent un sanglier en toute légalité, selon un arrêté de 2018. « Ce qu’on me reproche aujourd’hui, c’est la façon illégale dont je l’ai trouvé. Excusez-moi de ne pas avoir été en forêt chercher un sanglier », ajoute-t-elle. Elle s’interroge également sur « l’incohérence du système judiciaire » : « Je cherche encore le curseur de la justice. Dans l’affaire des viols de Mazan, la plus petite peine écopée par l’un des violeurs est de deux ans de prison, et aujourd’hui, on me propose jusqu’à trois ans de prison et 150 000 euros d’amende », confie-t-elle.
Entre interviews et vidéos TikTok, Élodie se bat sans relâche pour rallier un maximum de personnes à sa cause, malgré les pressions judiciaires qui pèsent sur elle. « Bien sûr que je le referais, j’ai été élevée comme ça, comme tous les Français. Ça s’appelle des convictions : sauve ton prochain, sois gentil avec les personnes, sauve les animaux. Je la sauverai de la même façon », assure-t-elle. Rillette a provoqué une vague de mobilisation, tant sur les réseaux sociaux qu’auprès d’associations pour le bien-être des animaux. « C’est le sanglier de 400 000 Français. Vous avez vu ce qu’on peut faire, mobiliser autant de monde pour une petite action. Il est hors de question qu’on me l’enlève ou l’abatte. Je ne lâcherai pas », conclut-elle, émue par l’ampleur de la mobilisation.
« Ils ont une pierre à la place du cœur »
Vêtus de t-shirts à l’effigie de Rillette, les manifestants expriment également leur incompréhension : « Si on avait trouvé un animal comme ça, on l’aurait gardé », témoignent-ils au micro d’Eva Garnier. Le soutien populaire est manifeste, et la colère se fait entendre, certains dénonçant la priorité accordée à cette affaire au détriment de sujets plus urgents comme la criminalité : « On fait tout un tapage pour un sanglier, c’est ça la France ? » déclare un Troyen.
Certains estiment que la justice est trop éloignée des réalités du terrain. « Ils ne sont pas assez présents à nos côtés, ils restent dans leurs bureaux. S’ils venaient ici, je pense que les lois seraient différentes », affirme une manifestante. « Je suis chasseuse. Nous, nous faisons un prélèvement, pas un abattage comme semble le demander la procureure de Troyes. Cet animal s’est attaché à sa maîtresse, alors pourquoi ne pas simplement la laisser tranquille ? », déclare Gloria Jourdain, présidente de l’association des commerçants de Chaource.
L’affaire dépasse même les frontières de la France. « J’ai reçu des appels des États-Unis, d’Allemagne, de Bulgarie… Je pense que les gens sont très touchés par notre histoire, mais aussi révoltés, indignés même », ajoute Élodie Cappé. Une décision de justice est attendue aujourd’hui, lundi 13 janvier, au tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, pour déterminer si l’affaire sera envoyée devant le tribunal judiciaire.